Comité local de Paris

à Joachim Gatti - 14 juillet 2009



à Joachim Gatti




"Face à une dictature, comment agir politiquement quand on est un créateur ?"








Marie-José Mondzain posait cette question au printemps 2009 dans un entretien accordé à la revue Cassandre [1]. Les sbires de la "démocratie Potemkine" [2] qui nous régit ont montré de quelle façon ils voulaient accueillir la réponse.

Ce mercredi 8 juillet 2009, Joachim Gatti a été touché au visage d'un tir de flashball qui lui a fait perdre son oeil droit. Que faisait-il donc qui puisse déclencher cette atrocité ? Joachim témoignait pacifiquement son soutien aux expulsés de "la Clinique". "La clinique, en référence aux expériences venues d'Italie, avait pris la forme d'un "centro sociale" à la française : logements, projections de films, journal, défenses des sans papiers, repas Tous ceux qui réfléchissent au vivre ensemble regardaient cette expérience avec tendresse." (Sur Joachim Gatti, lettre ouverte de Stéphane Gatti son père)

Une manifestation de solidarité s'est déroulée hier pacifiquement à Montreuil jusqu'à ce que les forces de police ne décident de charger un cortège dont, "Dans un souci d'apaisement, les organisateurs (...) ont cherché à modifier le parcours pour éviter que le face à face ne se prolonge, repartant vers la Croix de Chavaux", ainsi que le souligne le communiqué de ce jour de l'AFP, repris par les éditions en ligne de journaux tels que Le Monde et Le Figaro. Les gardes mobiles se sont alors acharnés avec une violence qui a choqué la population de Montreuil sur des manifestants qui s'étaient contentés de porter des banderoles en évitant toute action agressive.

Le 22 mars 2009, Stéphane Gatti accueillait la deuxième journée nationale de l'Appel des appels dans les locaux de La Parole errante à la Maison de l'Arbre, à Montreuil. Nous nous y rencontrions "décidés à combattre une idéologie de la norme et de la performance qui exige notre soumission et augure d'une civilisation inique et destructrice de l'humain" [3].

Aussi, les participant-e-s au comité de Paris de l'Appel des appels tiennent à témoigner à Joachim et Stéphane Gatti, leur émotion, leur sympathie tout autant que leur détermination à lutter contre cette barbarie qui vient et qui a déjà meurtri bien trop d'entre nous.

Il nous appartient, toutes et tous, d'élaborer les cadres dans lequels pourront prendre forme les résistances et ripostes qui mettront en échec ceux qui déclament sur les écrans du Spectacle : "Nous devons protéger nos concitoyens les plus fragiles, ceux qui souffrent le plus", "L'exclusion, c'est ce que la crise peut engendrer de plus grave" [4] et qui, dans le même temps, assument le bon fonctionnement d'un Etat qui peut mettre en garde à vue simultanément 74 syndicalistes d'une même entreprise (EDF-GDF) et qui réserve aux plus démunis et aux plus précaires l'assurance d'une constante brutalité répressive.

L'Appel des appels nous donne un de ces cadres où nous pouvons nous retrouver, un lieu où nous pouvons construire la confiance face à la déshumanisation.


Ce mardi 14 juillet 2009
Comité de Paris de l'Appel des appels



[1] Cassandre Horschamp, no 77, p. 49

[2] Villages Potemkine, luxueuses façades érigées à la demande du ministre russe Potemkine destinées à masquer la pauvreté des villages lors de la visite de l'impératrice Catherine II en Crimée en 1787.

[3] Charte de l'Appel des appels

[4] Discours présidentiel devant le Parlement réuni en Congrès