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Réunion-débat de l'Appel des appels du 23 janvier 2021 - Cycle : De la société de l’imposture au courage de la vérité au temps du COVID 19

 

 Vous pouvez visionner le débat qui a lieu en cliquant ici

 

 

Organisation

 

 

 

Le débat aura lieu de 15h30 à 18h, par zoom  :

 

 

 

 https://us02web.zoom.us/j/87511605751?pwd=RmUvci9IVUVLMHBxUnhuWTRpQ3dDdz09

 

 

 

 Attention : pour des raisons techniques, seules 100 personnes pourront se connecter en même temps.

 

 

 

 Intervenants :

 

 

 

Christophe Prudhomme, Médecin au SAMU 93, Hôpital Avicenne, Bobigny, Seine-Saint-Denis

 

Frédéric Pierru, Politiste, sociologue, chercheur en sciences sociales et politiques au CNRS Ceraps‑Lille‑II

 

Eric Demougin, enseignant, SNUipp-FSU.

  

Patrick Zylberman, Professeur émérite d’histoire de la santé à l’École des hautes études en santé publique

 

 

 

 

 

Modérateurs : Sébastien Firpi et Fabrice Leroy

 

 

Argument

Nous avons placé notre cycle de réunions-débats sous l’égide d’Albert Camus écrivant que « la seule façon de lutter contre la peste, c’est l’honnêteté. […] Je ne sais pas ce qu’elle est en général. Mais dans mon cas, je sais qu’elle consiste à faire mon métier ». Cette éthique des oeuvriers mise à mal par le néolibéralisme qui avait assujetti l’État et les services publics, la crise sanitaire de l’année 2020 en a révélé toute l’importance, toute la nécessité. La curatelle technico-financière a été incapable de fournir une réponse cohérente, claire et efficace au débordement des services hospitaliers, à l’organisation d’une continuité pédagogique, etc. Le personnel politique et médiatique, ainsi que les « experts » dont nous avons parlé lors de notre première séance, ont prouvé leur imposture : protocoles sanitaires changeant constamment, injonctions absurdes, décisions dictées par les impératifs de la croissance, discours contradictoires.

Mais leur incompétence a remis au premier plan le savoir et le savoir-faire des « gens de métier ». Libérés temporairement des logiques gestionnaires, applaudis tous les soirs à 20h, on a laissé les personnels soignants, pour une fois, faire leur travail. Et l’on a vu que leur connaissance du terrain, leur inventivité, leur intelligence collective étaient ce qu’il y avait de plus efficace pour gérer la crise sanitaire. De la même manière, ce sont les équipes pédagogiques elles-mêmes, parfois en s’associant avec les parents d’élèves, qui ont trouvé les solutions pour que les enfants continuent « d’aller » à l’école.

Une nouvelle doctrine d’État est née : le « démerdisme ». Par certains aspects, il a permis aux oeuvriers de retrouver le sens de leur travail. Plutôt que des ministres et des technocrates violents, méprisants et incohérents, la logique austéritaire, la fièvre de la « réforme » qui « déforme » tout le système et contrevient aux valeurs fondamentales que l'institution est censée défendre, n'est-il pas préférable de « se démerder » sans eux ? Cette crise a ainsi remis sur le devant de la scène la question de l’autonomie des travailleurs.

D’un autre côté, le « démerdisme » n’a pas été sans coût pour la santé physique et morale des personnels, qui quittent l’année 2020 épuisés. De plus, cette singularisation des solutions par opposition à l’interventionnisme de l’État n’est-il pas le rêve du néolibéralisme ? Le « démerdisme » serait-il le début de la fin de l’État Providence ? Or, si l’État ne joue plus ce rôle, s’il ne permet plus d’assurer l’égalité des citoyens, la protection des plus fragiles et la répartition des tâches et des richesses, ne risque-t-on pas, une fois sortis de la crise, de tomber dans une « guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun » (Thomas Hobbes) ?

Derrière le cas concret de la gestion de la pandémie de la Covid 19, c’est le débat philosophique qui dure depuis le XVIIIe siècle sur la définition de l’intérêt général et les moyens de sa mise en œuvre qui est ravivé. A la lumière du récit de cette crise sanitaire et de sa mise en perspective historique, nous nous demanderons ainsi si l’année 2020 a été l’année du renouveau du service public en France ou bien son chant du cygne.