Donnons-nous les moyens d'arrêter la stigmatisation

Parmi les livres que j'ai édités récemment, l'un m'est particulièrement cher : les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur l'islamophobie savante. Dans le dernier numéro de Elle, le rappeur Akhenaton dit qu'il vient de le lire : « Un livre plus qu'utile par les temps qui courent ! » Quand on a présenté le livre à l'Unesco, on a bien vu que le mot d'islamophobie faisait grincer quelques dents, comme si, même savante, elle risquait de faire de l'ombre à l'antisémitisme. Or, dans ce livre, il s'agit de remettre à plat le dossier de la transmission arabe du savoir grec au Moyen Âge, donc de comprendre ce que veut dire « judéo-arabe » et à quelles distorsions excelle tout ce qui s'apparente au révisionnisme. C'est par le biais de réflexions antisémites qu'Hannah Arendt a compris qu'elle était juive. Mon père n'a pas eu de besoin de cela qui (plaise à Éric Zemmour) a changé non pas son prénom mais son nom propre sur sa carte d'identité de Cassin en Gassineau, bien de chez « nous » ! Ce que je veux dire est très simple. Donnons-nous les moyens d'arrêter la stigmatisation. Pour commencer de commencer à l'arrêter 1) diagnostiquons-la correctement 2) mettons-y à l'instant même le paquet en argent et en intelligence. C'est pour la France la priorité des priorités, comme l'est pour le monde le règlement du conflit Israël-Palestine. Philippe Fragione, Italo-Marseillais qui a pris le nom d'Akhénaton, pharaon grâce auquel les juifs s'installent à Canaan, et d'Abd-el Hakim, « serviteur du sage », le rappe ainsi : « La France a besoin de peu pour réveiller c'racisme historique Style ils ont pété le World Trade, ils peuvent niquer ta voiture. » Le questionnaire sur l'identité nationale a fait long feu. Mais on me demande ma « date de naturalisation » sur le questionnaire qui sert à payer une conférence et je lis que l'espace aérien est paralysé par le volcan « comme jamais depuis le 11 septembre », promu étalon de mesure des catastrophes naturelles. J'en ai assez d'avoir honte.

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