Ne leur pardonnez pas : ils ne savent pas ce qu'ils font

Je suis chercheuse au Centre national de la recherche scientifique. C'est malheureusement un très bon observatoire. La « casse du service public », c'est, visiblement, que nous ne savons pas ce qui nous arrive et que ceux qui nous gouvernent ne savent pas ce qu'ils font. La « crise » empêcherait de remettre en cause le grand présupposé : un État entreprise sur le modèle dont cette même crise a signé la faillite. Peu logique. Les principes d'action sont illogiquement déclinés. Faire des économies devient : couper dans les budgets sans remettre en cause les priorités douteuses. Être visible au niveau mondial devient : grimper dans des classements que l'on reconnaît non significatifs. L'application des principes est, elle, illogique de part en part. L'empilement des réformes de réformes ne fait pas structure mais bataille pour un bout de bitume. Les compétences des « anciens » organismes sont inarticulables avec celles des nouvelles agences, juridiquement bricolées, scientifiquement peu légitimes et par ailleurs très coûteuses, que sont l'ANR (Agence nationale pour la recherche), et l'Aeres (Agence nationale d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur). Les périmètres des inventions de la furia administrativo-organisationnelle franco-française (pôles de recherche et d'enseignement supérieur, réseaux thématiques avancés, Campus d'excellence, instituts, alliances etc), sont non cohérents, voire contradictoires.

En sciences humaines, avec des programmes individuels toujours encore à soumettre et des évaluations inadéquates à nos publications, nous subissons et répercutons des contraintes débiles. Avec nos post-doctorants sans poste et sans bourse, nous organisons la fuite des cerveaux.

Une partie de ces réformes vise à nous rendre conformes à un modèle anglo-saxon sans voir que le modèle est déjà dépassé dans le monde anglo-saxon lui-même. Ces réformes nous mettent en retard d'une guerre, ou d'une paix.

Le lien vers la chronique dans l'Humanité

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  • Roland Gori est professeur honoraire de psychopathologie clinique à l’Université d’Aix-Marseille, psychanalyste, membre d’Espace analytique. Il est également l’initiateur de l’Appel des Appels, un collectif constitué en 2009 « pour résister...