Communiqué de l'API

Communiqué de l'Association des Psychiatres de secteur Infanto-juvénil.

A lire aussi sur leur site.

L’Association des Psychiatres de secteur Infanto-juvénile a décidé, par vote de son Conseil

d’Administration du 19 octobre 2012, de refuser de participer au travail d’élaboration de la

recommandation de bonnes pratiques « Conduite à tenir devant un enfant ou un adolescent

présentant un déficit de l’attention et/ou un problème d’agitation » que coordonne la Haute

Autorité de Santé et dont les groupes de travail et de lecture sont en cours de constitution.

Depuis de nombreuses années, les pédopsychiatres de service public sont sollicités pour

travailler auprès d’enfants ou d’adolescents présentant une instabilité psychomotrice, des

troubles de l’attention, ou une hyperactivité. Ils réfléchissent à partir de leur expertise

clinique et thérapeutique aux réponses les plus adaptées et sont favorables à des

recommandations de bonnes pratiques. Cependant le « déficit de l'attention et/ou problème

d'agitation » fait référence au modèle nord-américain qui se voudrait hégémonique. La

référence unique à la littérature anglo-saxonne dite scientifique ne correspond pas, pour

l’API, à une position éthique en lien avec l’expérience clinique et les demandes des patients

et de leur famille. Les pédopsychiatres ne s’occupent pas de symptômes isolés, mais de

sujets en souffrance dans leurs complexités.

 

L’API, par son refus, dénonce :

la confusion clinique entre des symptômes – déficit de l’attention et/ou agitation –

élargis à un concept de pathologie qui, pour certains, relèveraient d’un traitement unique et

spécifique ;

 

L’API, par son refus, défend :

une approche psychopathologique et intégrative de la psychiatrie infanto-juvénile, par

une évaluation et une prise en charge globale de l’enfant, tenant compte de critères

cliniques, familiaux, sociaux, éducatifs…

 

L’API, par son refus, dénonce :

la systématisation des prescriptions de médicaments amphétaminiques chez les

enfants et les adolescents, dont la tolérance, l’efficacité et les effets secondaires posent

d’évidentes questions cliniques et éthiques ;

 

L’API, par son refus, défend :

sa légitimité scientifique, qui ne saurait se réduire à une compilation de publications

anglo-saxonnes dont la méthodologie et la validité scientifique sont hautement critiquables ;

 

L’API, par son refus, dénonce :

les conflits d’intérêt possibles et les lobbyings, dans le travail dit d’expertise de la

Haute Autorité de la Santé ;

 

L’API, par son refus, défend :

40 ans de service public de santé mentale implanté dans l’ensemble du territoire,

proposant des soins individualisés au sein de ses équipes multidisciplinaires, à plus de

400000 enfants et adolescents par an.

 

Paris le 26/10/12

http://www.api.asso.fr/

Par Roland Gori, à lire dans Libération