COMMUNIQUÉ FINAL DE L’UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DES ENSEIGNANT.E.S ET DE L’ÉDUCATION. 26, 27 et 28 août 2019

 

 

Annoncée début juillet, lors des dernières assemblées générales d’Île-de-France, l’Université d’Été des Enseignant.e.s et de l’Éducation a rencontré un grand succès. Les inscriptions ont largement dépassé les prévisions des organisateur.rice.s : plus de 650 personnes, prenant sur leur temps personnel, ont participé à cet événement. Pendant trois jours, à la Cartoucherie de Vincennes, des enseignant.e.s et plus largement des professionnel.le.s de l’éducation, des chercheur.e.s, des élu.e.s, des lycéen.ne.s et des parents d’élèves se sont retrouvés autour des trois thématiques « Enseigner », « Dialoguer », « Lutter », déclinées au travers de 27 ateliers, 14 causeries, ainsi que de projections de films documentaires suivies de débats.

 

L’Université d’Été a indéniablement répondu à une nécessité et à un manque : une nécessité de dialogue, de concertation et de réflexion, et un manque de cadre pour les mener. En choisissant la semaine de la pré-rentrée ainsi que le lieu-refuge de la Cartoucherie de Vincennes, les organisateur.rice.s ont donné la possibilité aux enseignant.e.s de se réunir autour de leur métier, de réfléchir ensemble à leur rôle dans la société et de penser les actions à mener dès la rentrée. Ils leur ont également permis de réaffirmer voire de retisser des liens trop souvent distendus avec ceux qui, hors de la classe, sont également indispensables à la réussite des élèves. LUEE a ainsi été un espace important de rencontre avec les parents d’élèves, les syndicats lycéens, la presse alternative, les collectifs et associations engagés dans les questions éducatives.

 

Les élèves doivent recevoir des outils pour transformer le monde, et non pour l’accepter tel qu’il est, inégalitaire, sexiste, discriminant, en plein effondrement écologique et institutionnel. C’est pourquoi l’UEE défend avec fermeté la liberté pédagogique des enseignant.e.s, seule à même de garantir une formation éclairée du citoyen, loin des simples visées utilitaristes. Or, cette liberté est grandement attaquée et menacée par la réforme du lycée, qui réduit en partie le professeur à un simple distributeur de contenus évalués de manière trop contrainte et constante pour qu’un apprentissage soit possible. Sous cette pression, le métier de professeur se vide de son sens, et les changements à venir de la formation des enseignant.e.s contribuent aussi à cette désappropriation.

 

Contribuant à renforcer ce sentiment, les pratiques autoritaires de l’institution ont été montrées et dénoncées dans de nombreux ateliers. Le manque de démocratie interne et de dialogue, notamment au niveau des établissements, crée du découragement, de la frustration et parfois même de la souffrance parmi tous les acteurs du système éducatif.

 

Enfin, dans un lieu aussi chargé de symboles que la Cartoucherie, les enseignements artistiques apparaissent comme une nécessité absolue. Leurs vertus éducative, émancipatrice, créative ne sont plus à démontrer. Ils doivent retrouver toute leur noblesse. Le cinéma participe notamment de l’éveil des consciences, et les nombreux films documentaires projetés durant ces trois journées ont mis en lumière les enjeux historiques, économiques, idéologiques de l’éducation.

 

Le théâtre du Soleil, soutien de la première heure, se propose de nous ouvrir ses portes dans la deuxième moitié du mois d’octobre, nouvelle occasion pour nous de poursuivre les réflexions engagées.

 

 

 

 

 

 

Par Roland Gori, à lire dans Libération