Journée nationale de la psychiatrie, le 22 janvier à Paris

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Texte de l'appel

 

Depuis ce printemps 2018, les personnels des hôpitaux psychiatriques se mobilisent un peu partout en France. Leurs revendications se rejoignent : avoir les moyens d’accueillir et de soigner dignement les patients, l’amélioration des conditions de soins devant entraîner l’amélioration des conditions de travail.

 

Sous l’emprise gestionnaire contemporaine, les soins psychiatriques se trouvent vidés de leur sens et les pratiques sont déshumanisées : le patient et sa famille deviennent des usagers sans que leur parcours de vie ni leur expérience personnelle ne soient pris en compte comme ils devraient.

 

Les réponses à nos différentes luttes sont inégales, lorsqu’il y a réponse. Des embauches en CDD par-ci, une avance budgétaire par-là… Mais les ARS ou Agnès Buzyn, ministre de la Santé, ne reconnaissent jamais la spécificité de nos pratiques et le traitement singulier qu’elles impliquent.

 

Nous, intervenants en psychiatrie, nous sentons régulièrement méprisés face à une telle incompréhension. Et surtout, les patients et leurs familles subissent. Ils n’ont aucune prise sur la tournure que prennent leurs soins et accompagnements. Les hospitalisations s’allongent et deviennent délétères dans des services sur-occupés, avec du personnel en sous-effectif et débordé par des tâches administratives et logistiques. La parole, qui devrait être le premier outil de soin à l’hôpital psychiatrique, se défait…

 

Dans la cité, malgré nos avancées sociétales visant à déstigmatiser la souffrance mentale, le patient trouve difficilement une place. Alors que les discours en vogue appellent à l’inclusion, le lien social est de plus en plus difficile à maintenir et à favoriser autour des personnes fragiles psychiquement. Le manque de moyen des structures extra-hospitalières mais aussi des dispositifs de soutien dans le champ social précarise de plus en plus tous ceux qui peuvent pourtant vivre hors des murs de l’hôpital, malgré leurs vulnérabilités.

 

C’est à partir de ces constats et renforcés par la convergence de nos luttes que nous, personnels des hôpitaux psychiatriques, patients, familles, amis et citoyens, lançons cet appel à nous mobiliser pour une journée nationale de la psychiatrie.

Alertons la population de la situation dramatique de la psychiatrie publique et demandons au gouvernement davantage de moyens humains pour des soins plus humains.

 

Exigeons que la question de la psychiatrie en France puisse être repensée avec ses principaux acteurs, qu’elle soit considérée au vu de sa spécificité et non plus calquée sur un modèle gestionnaire lui faisant perdre toute son humanité.

Par Roland Gori, à lire dans Libération