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VST, la revue du travail social et de la santé mentale des CEMEA réagit à l'actualité en recueillant des témoignages de professionnels actuellement sur les terrains. Comment les institutions s'organisent-elles pour faire face au coronavirus ? Quelles difficultés, mais aussi quelles inventions de la part des professionnels et des usagers pour maintenir une vie sociale … même en étant confinés ?
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Le «confinement» touche à sa fin. Ce contexte donne à écrire et à témoigner. Quels effets dans l’après‐coup? Question qui tous nous taraude. Quel monde d’après?
La misère sociale déjà là depuis des années se poursuit. Comment le travail avec l’humain supportera‐t-il la continuité de sa précarisation? Celle des moyens et celle du «public». Pour certains le monde d’après pourrait se présenter en mieux, et pour d’autres en un peu plus pire. Faut‐il s’occuper de l’anticiper plutôt que de s’engager à fonder ce monde au travers des enjeux du présent ?
Tout le registre sémantique des mouvements populaires de l’après-guerre ne suffira pas à nous leurrer. La question serait plutôt de se rassembler et d’inventer.
Cette politique immunitaire et ses protocoles hygiénistes poursuivent sa visée:éliminer tout germe parasite. Cette discipline pour gérer la crise a effet d’exclure,à nouveau.La démocratie d’aujourd’hui présente un espace libre qui semble dorénavant si clôt.
Le confinement a‐t‐il permis de moins embouteiller les services de soins hospitaliers ou de protéger ses citoyens? Un autre choix politique aurait pu défendre la population depuis plusieurs années en se préoccupant de la santé du service public et du maintien de la lutte contre les inégalités. Un autre virus est mis à jour, celui de la faillite d’une politique qui confine par prescription. La question n’est pas de moraliser une telle décision, mais de révéler ses injonctions, ses infantilisations, mais aussi ses causes et conséquences. Cette méthode moyenâgeuse confirme la contiguïté entre scientisme et politique. Un démasquage
Une véritable dystopie prend effet réel. Même le catastrophisme contemporain n’aurait pu le prévoir. Les drones et les applications mobiles participants aux nouvelles techniques de maîtrise des corps s’infiltrent dans le quotidien du social. Cette visée disciplinaire moderne utilisée par le pouvoir impose une domestication du comportement. La surveillance et le contrôle calculent la régulation de la population. Les décrets et lois récents ouvrent droit à une manœuvre d’une violence légitime par l’organisation de la sécurité et l’élargissement de l’autoritarisme hiérarchique du patronat. On peut craindre son prolongement dans le temps.
Devons‐nous accepter un pouvoir qui se targuera de nous avoir sauvés et voulons‐nous poursuivre cette servitude?
Jusqu’à quand attendre pour que ça change? Que faire d’un pouvoir mis à nu,vide de substance éthique pour soutenir la pérennité du lien social? Plutôt qu’échapper au présent, pourquoi pas le faire jouer? La recommandation de distanciation des corps et les précautions de gestes barrières qui en passent par le sans contact suscitent une méfiance de la proximité de l’autre. Si cette fois‐ci elle est injonctive, quelles pourront en être leurs inscriptions dans le temps?
Justifier l'allégorie d’une soi‐disant guerre et en oublier une lutte résistante qui dure depuis des mois contre les dérives économiques de la globalisation et de leurs effets sur les inégalités sociales,évoque un mépris qui impose une réponse par l’acte. Écrire et dénoncer suffit-‐il? La quotidienneté du soignant ordinaire ne fait pas la morale mais tente un cri par l’écrit. Soin ordinaire déconfiné.
Œuvrons pour la contamination qui nous intéresse, celle d’un désir pour refaire collectif.
Sebastien Firpi
Par Roland Gori, à lire dans Libération
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