« Le plus important c'est de dépasser tous les clivages et de hurler là où il y a besoin de hurler »

Voici un extrait du numéro 3, Décembre 2009 -Janvier 2010

Dans quel contexte politique s'inscrit l'appel des appels ?

Barbara Cassin :

Dans un contexte de crise sur tous les plans : on nous impose des réformes tout azimut qui sont basées sur des « valeurs » aberrantes, car ce sont celles qui ont favorisé la crise. Ces réformes sont appliquées à ce que nous connaissons le mieux les uns et les autres, je parle de nos c%oe%urs de métier, non pas de nos privilèges de fonctionnaires je ne défends pas une boutique, je défends la recherche française. Les réformes, le formatage, sont analogues dans la santé publique, la justice, l'enseignement, l'aide sociale, l'information, la culture. Cette perception transversale est le ciment de l'appel des appels, et elle ne cesse d'étendre ses domaines : la police, les télécommunications, secteur après secteur, c'est toute la société civile qui est touchée

Ces réformes interviennent sous couvert de la crise, on les fait passer pour des remèdes, alors que ce qu'elles mettent en pratique fait partie des causes.

A savoir : l'évaluation et son souci de la performance, la segmentation des activités pour mieux quantifier, une langue de bois, la langue des grilles, avec un préchi-précha moralisateur, le tout formant une redoutable machine de guerre contre la possibilité d'exercer au mieux, au service du public, les métiers que nous aimons. Surveillance et auto-surveillance avec expertises déliées du réel, compétition et ranking sur fond de marketing et de « ressources humaines » généralisées, avec souci de rendement maximal à court terme, tout ce qui a contribué à la faillite du système : nous ne sommes pas corporatistes, nous sommes consternés devant l'impossibilité programmée de faire bien ce que nous pouvons faire. Nous ressentons un sentiment d'injustice et d'injustifiable bêtise.

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